Professeur Leung Kok Yuen, l’art de nourrir la vie

Permettez moi de vous  présenter ce professeur et médecin singulier tout droit sorti de Tintin et le Lotus bleu avec ses costumes trois pièces et lunettes rondes. Laissez moi lui rendre hommage à ma manière…

J’ai tant regardé les vidéos des cours du Professeur Leung Kok Yuen qu’il m’est impossible de ne pas me sentir son élève, même si je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer. Cette médecine est de tradition orale et ces vidéos sont la continuité moderne de cet enseignement.

Parlez moi de Leung et mes yeux brillent de mille feux .
Je me remémore toutes les histoires qui me font tant  rêver et me soutiennent alors que je chemine sur la voie !

Le maître

Cet expert mondialement connu, détenteur de la toute première licence d’acupuncteur aux États-Unis, œuvra au développement et à la reconnaissance de la médecine traditionnelle chinoise en Europe et en Amérique du nord. Les universités chinoises se montrent aujourd’hui curieuses du savoir précieux dont il était le porteur, et qui faillit disparaître au moment de la révolution culturelle.
L’une des grandes richesses de l’œuvre du Dr Leung fut d’avoir su transplanter, sans dénaturation, l’enseignement et la pratique de la médecine traditionnelle chinoise dans le monde occidental. Un hommage lui a été rendu au Musée de la Médecine chinoise en Occident de Kunming.

Représentant de la 14e génération, il a commencé à suivre son père dans ses tournées auprès de ses patients dès l’âge de cinq ans.

Il est né en Chine, dans la province de Canton en 1922. Il a grandi dans une famille dans laquelle la médecine est une tradition.
Représentant de la 14 génération, il a commencé à suivre son père dans ses tournées auprès de ses patients dès l’âge de cinq ans. Il a pu ainsi recueillir toutes les subtilités héritées d’un long savoir oral familial. Il a été ainsi imprégné de ce qui permet de suivre « la Voie du milieu » auprès de son père et intégré dans la retransmission de ses connaissances aux étudiants du monde entier cette sagesse indissociable de la Médecine Traditionnelle Chinoise.

Il reste jusqu’à l’âge de 17 ans avec son père, la poursuite de ses études de médecine traditionnelle chinoise se faisant auprès d’autres mentors.

Il a contribué à faire évoluer les mentalités des occidentaux quand a la prise en compte du soma dans le déclenchement ou la continuation d’une affection quand rien ne la motive. Employant des mots occidentaux pour les décrire, il a offert la compréhension de la dimension de cette médecine qui est un art de vivre dans tous les plans : physiologique, émotionnel et énergétique.
L’esprit qui anime la M.T.C. est le même que celui qui anime toute la pensée chinoise, ce qui explique la solidité des raisonnements, quel que soit le domaine considéré.
« On peut tout construire sur une base solide et la hauteur de l’édifice ne dépend que de la rigueur apportée ensuite à chaque étage… »
Le Dr Leung Kok Yuen a également contribué à faire évoluer les mentalités des patients, qui ont ainsi compris que le travail sur la racine prévaut sur celui de la branche.
C’est grâce à ce travail qu’il se répand peu à peu une acceptation du patient face à un processus de rémission plus lent en M.T.C. qu’en médecine occidentale, mais souvent plus solide aussi, raffermissant et consolidant le Yin pour potentialiser le Yang – passer d’un pied sur l’autre pour avancer…
En 1942, Il ouvre une clinique d’acupuncture à Hong Kong ;
De 1952 à 1970, il enseigne l’acupuncture à l’Institut moderne de recherche en médecine chinoise, lui-même, émanation du collège de M.C. de Shanghai, ainsi qu’à l’Association des Praticiens de Médecine traditionnelle chinoise (MTC.) de Kowloon ;
Il a été aussi président de l’Association Chinoise d’Acupuncture et de l’Institut d’Acupuncture Chinoise
Il émigre au Canada en 1970 et y obtient la première licence de pratique en acupuncture. Il fonde le North American College of Acupuncture à Vancouver.
C’est aussi par le biais de l’Université Européenne de M.T.C. et autres écoles d’importance majeure qu’il a pu retransmettre son savoir et l’esprit qui l’anime.

Le Docteur Leung Kok Yuen nous a quittés le 11 mai 2013 à l’âge symbolique de 90 ans…

En Afrique noire, il est dit que : « Une vieille personne qui meurt, c’est une bibliothèque qui se ferme pour toujours… »

Un grand praticien à rejoint ses ancêtres, je ne sais pas si les jeunes générations mesurent ce que nous devons à cet homme, qui des années 50 à Hong Kong jusqu’à son rôle de tuteur et surtout d’unique intervenant au sein de USB (la plus grande école d’Europe à la fin des année 80) a formé des centaines de praticiens.

Le Pr HOR Ting de médecine chinoise et ethnologue va inaugurer en juin au sein de l’université de Kunming (Yunnan) des salles de musées dédiées à l’introduction et l’évolution de la MTC en France, le Pr LEUNG Kok Yuen sera honoré à cette occasion pour son influence incontestable sur plusieurs génération de praticiens français.

Les paroles du Dr Leung Kok Yuen continuent aujourd’hui de guider tous ceux qui suivent son enseignement, comme ceux qui en bénéficient.

Présentation par son élève et ami, Patrick Shan :

Vidéos : les cours de Qi Kung
du Professeur Leung Kok Yuen (petits veinards !) :

Les touchant hommage de Patrick Shan, élève et ami du maître:
Les conseils de Leung aux patients:  
Les conseils de Leung aux praticiens et élèves en médecine traditionnelle chinoise: 
Témoignages d’un élève de Leung:

Un de mes patients et élève de Leung Kok Yuen me racontait une histoire sur son maître. Il se trouvait à Vancouver à table avec son professeur et fêtaient tous ensembles la guérison d’un patient, atteint d’un cancer des intestins et abandonné à son sort par la médecine occidentale. Le patient l’avait contacté par téléphone et lui avait annoncé qu’il ne lui restait que six mois à vivre. Leung lui répondit qu’il en prenait quatre. Après quatre mois de soins, les résultats médicaux étaient sans appels: rémission complète!

A la fin du repas, le patient se pencha vers son thérapeute et lui demanda la permission de prendre une glace en dessert, et Leung donna son accord, créant la stupéfaction de son élève. En effet, le traitement interdisait les glaces qui sont source d’humidité (source de pathologies) dans le corps, de froid (qui resserre les vaisseaux et empêche la libre circulation du Qi) et de sucre (qui tonifie le trouble). Leung saisit le regard interloqué de son ami et lui fit signe de rester discret. Il lui expliqua plus tard que le patient était bien conscient de violer un interdit majeur dans sont traitement et prenait réellement conscience de sa guérison à ce moment précis. Il confia à son élève que son traitement avait pris fin au cours de cette soirée, au dessert, parce que la dimension psychologique était primordiale et conclu la conversation en demandant avec un sourire de contentement: »As-tu vu avec quel plaisir infantile il a manger sa glace? »

 

L’ultime enseignement :
La lettre de Leung Kok Yuen

Cela fait maintenant quinze années que je suis à la retraite et que j’habite Vancouver, réputée pour sa douceur de vivre. Je me réjouis d’avoir connu le bonheur, la longévité, la santé et la tranquillité, bien que je ne sois ni riche, ni noble.
Mon bonheur, je le dois tout d’abord à l’harmonie familiale : mes quatre enfants ont fondé leur propre famille, mes dix petits-enfants me rendent joyeusement visite de temps en temps, car ils habitent tous à Vancouver.
Je dois également le bonheur au fait que je m’entends bien avec tous mes amis, que je traite toujours, ainsi que ma famille, avec sincérité.

Je suis heureux, enfin, d’avoir simplement de quoi m’approvisionner en suffisance : je dépense ma retraite raisonnablement, et ne manque ainsi ni de vêtements ni de nourriture.

La longévité est un autre cadeau qui m’est fait : j’ai passé depuis longtemps le Gu Xi (anniversaire des 70 ans, 10e cycle de 7 ans), et viens de parvenir au Chao Zhang (anniversaire des 77 ans, 11e cycle de 7 ans).Mais la longévité ne serait rien sans cet autre don précieux qu’est la santé : à mon âge, j’ai la pensée encore agile et le déplacement aisé.

La tranquillité, enfin. Cette tranquillité, aussi bien mentale que physique, n’est pas exactement un don. En fait, il est assez difficile de gagner cet état sans un travail de méditation et une pratique quotidienne dont voici les principaux éléments :

– Je respecte le Xian Qing, ce qui signifie que je laisse mes sept émotions s’exprimer avec modération. Je suis le plus souvent d’humeur égale, et ne me laisse pas emporter par la joie ou par la colère.

– Je respecte également le Xian Yu, c’est-à-dire que je ne manifeste pas de désirs exagérés.- Je prends des repas simples, légers et peu épicés, évitant ainsi les maladies qui entrent par la bouche.

– Je mène une vie calme et reposante, teintée d’une activité quotidienne modérée, et cela fait longtemps que je n’ai pas effectué de longs voyages.

– Tous les jours, je prends plaisir à effectuer un peu de jardinage, à boire du thé, à chanter des poésies tout en me promenant dans les parcs (dans une humeur bien différente de celle du grand poète Qu Yuan, qui lorsqu’il était en exil, chantait ses poésies mélancoliques).

– Enfin, j’aime à jouer au Pu Yi (ancien jeu chinois, ancêtre du Mah Jong, des jeux de cartes et d’échecs), dans un esprit de « lutte douce » qui a le pouvoir de détendre les émotions.

 

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