« La France lui a rendu les plus grands hommages, lui a consacré des expositions et rétrospectives exceptionnelles, l’a accueilli au sein de l’Académie des Beaux-arts, l’a fait Gran d-croix de la Légion d’Honneur. La Chine l’a honoré à son tour, et célèbre avec éclat, ce fils parti au loin dont l’œuvre est aujourd’hui, dans son pays natal, étudiée et vénérée. Pour nos deux pays, Zao Wou-Ki est un symbole. Pour tous, il était un maître. » Claude Martin, Ambassadeur de France.
Zao Wou-Ki est né le 1er février 1920 à Pékin, et mort le 9 avril 2013 (à 93 ans) à Nyon, est un peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964.
Zao Wou-Ki (Zao, de son nom, Wou-Ki ou Wou-ki de son prénom ; chinois : 趙無極 ou 赵无极 et pinyin : Zhào Wújí), né le 1er février 1920 à Pékin, et mort le 9 avril 2013 (à 93 ans) à Nyon, est un peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964.
Il est rattaché, dans les années 1950, à la nouvelle école de Paris, puis à l’abstraction lyrique avant de devenir, selon la définition de Claude Roy :
« …Un grand peintre qui poursuit dans son œuvre une dizaine au moins de grands siècles de l’art chinois, et qui est un des meilleurs peintres modernes de l’Occident. »
Vent, 1954.
Son œuvre est vaste. Elle comprend les peintures réalistes de ses premiers tableaux qui sont surtout des portraits, quelques natures mortes et des paysages (1935-1949), ainsi que des huiles sur toiles de grands formats inspirées de Paul Klee qui tendent vers l’abstraction à partir des années 1950, puis l’abstraction lyrique dans les années 1960, des encres de Chine, des calligraphies.
Sa peinture est vivante. Elle n’est pas de celles que l’on encadre, que l’on enferme. Sur des chemins de traverse, sur des lignes de crête, il bouscule l’horizon, tutoie les éclairs, apprivoise les vertiges. Il habite le mouvement d’une déflagration, tantôt torrent ou incendie.
« Je travaille »… « Je travaille ». …
Voilà ce que Wou-Ki répondait de sa voix chantante, sautillante, comme l’hirondelle sur son fil, sur le ton de la plus parfaite évidence quand on l’interrogeait sur sa journée ou sa santé… Et cela voulait dire « Tout va bien ».
« Dans son itinéraire de peintre, Wou-Ki n’a rien laissé aux forces du hasard. Il a voulu ce grand voyage entre la Chine et la France, entre Orient et Occident. Il a voulu nourrir le dialogue entre ces cultures si lointaines et pourtant amies. Il a tenu entre ses mains les deux fils de la représentation, peinture du signe et de la figure. L’Art, pour lui, ne se divise pas mais s’érige bien d’une seule pièce, comme une montagne qu’il s’agit de gravir patiemment, toujours soucieux de nouvelles recherches, de nouvelles audaces. Sans cesse, il reprend son bâton de pèlerin pour avancer, même à tâtons. Avec, pour ce chevaucheur de civilisations, le rêve insensé d’aller creuser au cœur du mystère pour cueillir l’étincelle d’une présence là où le dialogue, la paix et la réconciliation seraient enfin possibles.
Il avait une conscience aigüe, douloureuse d’un monde déchiré. Il ressentait au vif les tragédies et les espérances du pays natal comme du pays d’adoption, dans des périodes de profonds défis. Mais il croyait au temps, à la folle volonté des hommes de toujours relever ce qui est tombé, de renouer ce qui s’est défait, de rallumer les feux qui se sont éteints.
Les histoires entrecroisées l’habitent, parce qu’elles lui parlent toujours d’humanité partagée. La grande histoire et la petite, celle des hommes comme celle des civilisations. On les retrouve inséparables dans la toile née au lendemain du Onze Septembre où une tour de fumée et de cendres figure aussi les doutes, les peurs, les épreuves d’une vie.
Et ce n’est pas un hasard, si la quête de l’humain laisse dans son œuvre une trace si intense. Ainsi, quelle émotion de voir surgir, cinquante ans plus tard, dans son triptyque Le vent pousse la mer, au milieu des blancs et des bleus, une barque fragile. Une barque pour laquelle il a cherché des semaines entières la meilleure place sur la toile. Une barque esquissée de quelques traits, comme un radeau chargé de sauver ce qui peut l’être encore, face à l’œuvre du temps. La mort alors, au terme du voyage, n’est qu’achèvement d’un cycle, fusion avec les éléments dans l’étreinte d’une attente. » Hommage de De Villepin