« De l’âme » de François Cheng

« En chinois, il existe une expression qui décrit cet état où, vers le soir ou dans la nuit par exemple, la nature semble se recueillir en silence. L’expression possède deux versions: WAN-NAI-WU-SHENG, « les dix mille sons se font silence », et WAN-NAI-YOU-SHENG, « les dix mille sons se font entendre ». Ces deux versions apparemment opposées signifient à l’oreille d’un Chinois la même chose. Lorsque le silence se fait, c’est alors qu’on entend chaque son en son essence. Apprenons donc à ne pas nous étourdir de paroles vaines à longueur de jour, à ne pas céder au bruit du monde. apprenons à entendre la basse continue ponctuant le chant natif qui est en nous, qui gît au tréfonds de l’âme. Cette âme, capable de résonner avec l’âme universelle, peut nous étonner par sa vastitude insoupçonnée. »

François Cheng de l’Académie française, « De l’âme » aux éditions Albin Michel

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